L'histoire d'Ihsahn se confond parfaitement avec celle d'Emperor, à quelques projets supplémentaires près, notamment le sublime Fjelltronen de Wongraven, et tous les groupes décrits plus haut. Son jeu de claviers a donné toute la couleur si particulière de la musique du groupe, mélange de mélodies et de violence. Quant à son registre vocal, il est passé de la gargouille (les débuts) à des gueulements plus humains, chantant un peu plus ("With Strength I Burn"), voire même avec de courts accès à la King Diamond (sur le dernier album) ! Et c'est aussi probablement une des personnalités les plus emblématiques du black metal.

L'autre tête pensante d'Emperor, il est avec Ihsahn la véritable âme du groupe. D'abord batteur, il est très vite devenu le deuxième guitariste du groupe, et il contribue lui aussi pleinement à la direction musicale du groupe. Tout comme Ihsahn, Samoth a participé à de nombreux albums, et il est aussi directeur du label Nocturnal Art, très respecté dans le milieu de l'underground.

Membre d'Emperor à partir de mi-1992, Faust jouait alors avec Stigma Diabolicum, et il aurait pu se contenter d'être un bon frappeur, comme il le démontre sur In the Nightside Eclipse. Faust a également joué avec Thorns, et il fût une personnalité très respectée dans le monde du black metal norvégien. Il n'est plus membre d'Emperor depuis fin 1993 vu son incarcération, ce qui n'empêche pas les membres du groupe de lui conserver toute leur amitié.

Le remplaçant de Tchort n'aura finalement enregistré que "Reverence" et "Anthems to the Welkin at Dusk", auxquels son nom sera toujours attaché. Il quitta le groupe mi-98, voulant se consacrer à d'autres activités, sans que cela soit dû à des problèmes de personnes.

Recruté en 1996, cet ancien membre d'Enslaved s'est très vite fait son trou, s'affirmant comme le digne successeur de Faust au poste de batteur. C'est tout particulièrement sur "IX Equilibrium" que l'on peut apprécier sa technique, qui le place dans le sillage des meilleurs.

Paru peu de temps après la demo Wrath of the Tyrant, ce split album nous montre un groupe encore à la recherche de son propre style. Du black metal globalement bien ancré dans la tradition, assez rapide, mais déjà construit, avec des parties mélodiques et d'autres plus violentes. Le son est assez morbide (mais pas autant que la demo), impression renforcée par les vocaux si particuliers d'Ihsahn. On notera toutefois que les synthétiseurs font leur apparition dans la musique du groupe, même s'ils n'ont pas encore la place qu'ils auront. Quatre titres qui posent des bases intéressantes, et dont deux des titres seront repris sur "In The Nightside Eclipse".

Ce EP regroupe 3 titres qui apparaissaient à l'origine sur Wrath Of The Tyrant. Il s'agit de réenregistrements, avec apparemment un meilleur son. Ce EP a été tiré à 1000 exemplaires, et a peu de chances d'être réédité un jour.

Sorti en 1994, cet album fera connaître à la face du monde, mais un peu tard, le groupe norvégien, alors que sa situation est loin d'être au mieux. Dédié à la mémoire de Euronymous, In The Nightside Eclipse fait encore l'unanimité, aussi bien du côté des fans actuels que des puristes de l'underground.
Enregistré aux Grieghallen Studios, l'album, quoique pas mal produit, n'a pourtant pas un son exceptionnel. C'est peut-être là son défaut quasi-unique, car pour le reste, c'est du travail magistral. Les claviers ont pris une importance encore plus grande dans la musique du groupe, principalement sous forme de choeurs, et donnent une ambiance assez glacée, voire nocturne ("The Majesty Of The Nightsky" par exemple). Le style d'Emperor a peu changé sur le fond, mais a gagné en finesse, en majesté, en profondeur, en classe pour dire les choses simplement...
Nombreux sont les changements de tempos, de rythmes, de mélodies... au sein même des morceaux. Les textes sont quant à eux des histoires en prose, dédié à la nuit et aux forces obscures... Nombre de moments marquants dans cet album, trop nombreux à citer. On peut juste dire que le dernier morceau est un peu différent, avec des mélodies de guitares plus épiques et fouillées. Un excellent album tout simplement.

Ce EP sorti début 1997 marque le retour du groupe norvégien, toujours mené par le duo Ihsahn/Samoth, et avec deux nouveaux musiciens, Alver et Trym. Un trois titres qui donne un avant-goût de ce que sera le futur album, notamment le premier titre, "The Loss And Curse Of Reverence". Et ce titre se distingue assez de "Nightside Eclipse", de part la densité, la luxuriance du mélange guitares et claviers symphoniques, notamment avec des sons de cuivres. Ce titre, violent, très noir, très travaillé, est une véritable chevauchée dans les abysses les plus noires, et est, à mon goût, le meilleur d'Emperor.
"In Longing Spirit" est un vieux morceau que le groupe a enregistré pour l'occasion. Très sombre, avec une ambiance très nocturne, c'est aussi un titre très lent. Enfin, "Opus A Satana" est un réenregistrement de "Inno A Satana", mais uniquement avec Ihsahn et dans une version purement orchestrale. Enregistré très rapidement, ce titre ne bénéficie pas du son qu'il mérite, et certains instruments sont un peu noyés dans la masse. Mais il est malgré tout réussi, avec une ambiance très médiéval-fantastique.
Enfin, on notera la présence d'une plage CD-Rom, comprenant le clip de "The Loss And Curse Of Reverence". Bon travail, avec images de la faucheuse, de forêts, d'un cracheur de feu... bien qu'il ne rende à mon goût pas suffisament hommage à la noirceur de ce titre. Un très bon EP en tout cas, de bonne augure pour la suite des événements.

L'album du retour et de la consécration méritée. Emperor n'a rien perdu de son éclat, bien au contraire. Les titres sont à l'image de ce que laissait pressentir le EP. Après un premier titre, très lent au début, et qui fait monter progressivement monter la tension, la furie s'installe avec "Ye Entrancemperium", avec une intro chaotique signée Euronymous, C'est donc un album très rapide, violent, très noir, mais avec aussi une esthétique très travaillée. Et là où certains groupes auraient fait de telle sorte que les claviers adoucissent leur musique, Emperor réussit le tour de force de leur permettre de donner une autre dimension à l'agression sonore.
Les parties mélodiques, aussi bien de claviers que de guitares, sont très épiques, et à ce titre, on notera "With Strength I Burn", le plus mélodique de tous, avec Ihsahn chantant à la manière "viking", et avec des textes très travaillés. Quant aux riffs de guitare, beaucoup d'entre eux sont véritablement marquants, par exemple l'intro en arpèges de "The Acclamation Of Bonds". Enfin, les cris intenses d'Ihsahn et le très bon jeu de batterie de Trym parachèvent le tableau.
Que dire de plus ? Je ne sais pas, je ne voudrais pas être trop descriptif, chaque titre ou presque étant un petit joyau, et l'ensemble formant une véritable oeuvre d'art noir. "Sophisticated Black Metal Art", voici d'ailleurs ce qui est écrit sur le CD, et cette mention est assez explicite. Anthems To The Welkin At Dusk replace à juste titre Emperor sur le trône du black metal norvégien. Un monument !

Un split album qui divisa la communauté black metal. Emperor profita en effet de ce disque pour faire des expérimentations électro/indus qui ne furent pas du goût de tout le monde. Chaque groupe joue deux nouveaux morceaux, une nouvelle version d'un de ses titres, et fait une reprise de l'autre. Ne parlons pas de Thorns, ou alors juste pour signaler qu'il s'agit de leur premier enregistrement pour un label (alors que des demos de 1989 existent), et que leur interprétation de "Cosmic Keys", est disons, assez particulière, le groupe de SW Krupp n'ayant gardé qu'un passage du morceau original, et le répétant à l'infini sur un tempo très lent, le tout avec des lyrics complètement différentes...
Pour Emperor, tout commence donc avec une intro très symphonique avec percussions et cuivres, mais qui sonne tout de même très futuriste, et où l'influence électronique se fait sentir. Influence qui devient carrément majoritaire sur "I Am", qui reprend des parties d'anciens morceaux du groupe et du "Fall" de Thorns, le tout "collé" avec des effets et des bruitages électroniques, qui rend la sauce assez spéciale... Un titre difficilement appréciable aux premières écoutes, et qui d'ailleurs n'a pour l'instant pas de suite dans la musique du groupe.
Pour le reste, Emperor se la joue plus "normal", avec une très bonne reprise de "ئrie Descent", qui sonne très dark et qui est même encore meilleure que l'original... Enfin, "Thus March The Nightspirit" est un réenregistrement orchestral d'un titre de Anthems To The Welkin At Dusk, à la manière de "Opus A Satana", sauf que cette fois, le titre n'a pas la majesté de ce dernier (à l'exception de la fin), la faute à trop de travail qui rendent le titre trop "gentil".
Bref, pour conclure, un album très spécial, certainement pas le meilleur pour prendre connaissance avec la musique du groupe, qui a le mérite (hormis celui de découvrir Thorns version moderne) de montrer qu'Emperor sait s'ouvrir musicalement (et l'album suivant le montrera, dans un autre genre), et ne se repose pas sur ses lauriers, et sur une formule déjà digérée.

Un album annonceur de changements dans la musique d'Emperor. En effet, si les expérimentations du "Vs" ne sont pas au rendez-vous, il n'en reste pas moins que le groupe a voulu s'ouvrir à d'autres styles, ce qui rend sa force de frappe moins grande.
La luxuriance du mélange claviers/guitares a en effet disparu, et les claviers sont d'ailleurs nettement moins présents qu'à l'accoutumée. En revanche, au niveau des rythmiques, on sort du carcan du black metal proprement dit, et on note l'apport du death et du heavy metal. Mélange qui s'avère réussi sur certains titres : "Curse You All Men !" ou "The Source Of Icon E", où l'on notera au passage le bon travail de Trym à la batterie.
L'apport du heavy se fait clairement sentir, notamment sur "The Warriors Of Modern Death" ou surtout "An Elegy Of Icaros", à mille lieues du black metal. On notera aussi quelques passages de chant clair, et Ihsahn se prend même à un moment pour King Diamond ! Le groupe garde néanmoins ses grandes capacités techniques, avec des morceaux très construits et variés, et tout ceci ouvre de nouveaux horizons au groupe. "IX Equilibrium" n'est pas aussi bon, pas aussi ensorcelant que ses prédécesseurs, notamment à cause de quelques passages moyens, mais l'album reste néanmoins bien au-dessus de la moyenne de la scène black, laquelle se dégrade à vue d'oeil en qualité, et Emperor montre qu'il sait toujours faire de la bonne musique, et qu'il sait aller de l'avant. Rien que pour cela, le groupe et cet album mérite le respect.